Et l’ombre de la mafia si prégnante pour qui sort des sentiers battus, avive encore la curiosité.
La Sicile est mystérieuse, envoûtante et farouche. Combien de voyages faut-il pour décrypter son âme ?
Cette île est une caverne d'Ali-Baba
Il faut bien 15 jours pour survoler l’île. Dans quel sens progresser ? Que privilégier : la côte ou l’intérieur ?
Les choix que vous effectuerez détermineront l’aéroport d’arrivée.
Il nous a semblé judicieux de débuter (et donc d’atterrir à Catane) par la très touristique Taormina au look bien léché, rutilante et un rien tape à l’œil. Cette ville reste cependant incontournable pour son théâtre grec sublime. Enchaîner avec l’Etna, capricieux à souhait, permet au visiteur d’être plus disponible, mentalement parlant, pour le reste de l’île, véritable bonus du voyage.
Une fois ces incontournables rangés dans la boîte à souvenirs, en piste pour la Sicile authentique. Vous pouvez faire le tour de l’île dans le sens des aiguilles d’une montre mais il serait dommage de ne pas effectuer alors une pointe dans l’intérieur des terres. Attention, les routes sont moins bonnes donc les trajets prennent plus de temps.
Plusieurs options s’offrent à vous : de Catane filer sur Enna et Piazza Armerina mais à ce moment-là vous sacrifiez Syracuse au charme puissant.
Descendre sur Syracuse et de là monter à Piazza Armerina pour ensuite rejoindre Agrigente et ses temples ; puis continuer vers Trapani. Enfin, rejoindre Palerme via Ségeste par une autoroute efficace. Mais vous loupez alors les villes baroques de Noto, Raguse et Modica…
Nous ne parlerons pas des îles éoliennes qui justifient à elles seules un voyage, couplées avec la visite de Palerme et Monréale.
A Taormine, perle de la côte ionienne, pas de linge aux fenêtres mais des poteries à tête de Maure d’où pendent des plantes et c’est ravissant. Tout est d’ailleurs ravissant, propre, chic et cher.
Pourtant cette cité va rester gravée dans votre mémoire car, là, à flanc de colline se niche un théâtre de l’époque hellénistique. Peut-on rêver d’un site qui traduit aussi bien le génie grec ! Marbre blanc, brique rouge, bleu du ciel et en toile de fond l’Etna enneigé…. Une telle beauté bouleverse pour peu que la foule ne soit pas au rendez-vous.
On a une très belle vue de la « piazza IX aprile ».
A midi, la trattoria La Vecchia au rapport qualité/prix assez limité nous permet de goûter la pizza mozza-mortadelle-pistaches ma foi assez goûteuse !
C’est à Taormina que nous avons dégusté le beignet à la glace, premier d’une longue série, tant est divin cet assemblage, miam !!!!
Au risque de m’attirer les foudres de certains d’entre vous, je vous le dis tout net : réfléchissez à deux fois avant d’attaquer l’ascension sur les flancs du volcan ! J’avais gardé un piteux souvenir d’une ascension dans les années 70 : location d’un mauvais pardessus de laine, parcours chaotique dans un 4X4, montée dans un épais brouillard pour voir… de maigres fumeroles s’échapper d’un sol lunaire noirâtre. En cette année 2017, la prudence était donc de mise et… nous avons renoncé à dépenser 60 euros/personne pour crapahuter dans la purée de pois !
Cela dit, l’ascension en voiture jusqu’au Refuge di Sapienza vaut déjà le détour : coulées de lave, végétation qui tente de reprendre le dessus, carrés de vignes défiant le géant et panorama époustouflant sur tout l’est de l’île….
Il faut vadrouiller tout autour du volcan, de Zafferana
Etna à Nicolosi et ne pas hésiter à faire provision de pâte ou crème ou pesto de pistaches et de miels d’agrumes ou d’eucalyptus bien moins chers qu’ailleurs.
Au soir tombant nous avons longuement flâné au cœur d’Acireale, petite ville ressemblant à une sous-préfecture de province coquette. La belle « piazza del Duomo » entourée d’édifices baroques ne manque pas de charme. Entrant dans la Basilica di San Sébastiano au moment des vêpres, nous avons essuyé l’œil noir d’une brochette de vieilles dames toutes de noir vêtues, ratatinées sur leur banc, figures séculaires de cette Sicile pieuse et fervente.
A la trattoria Ficodindia (figue de barbarie) les pâtes caserecci all’isolana avec pistaches, câpres, pignons, tomate, poivron, ail et poisson grillé barbotent dans l’huile d’olive et c’est dommage.
Ville noire, ville trépidante, agitée, turbulente. En cours de réhabilitation, Catane n’a pas les mêmes atouts que les autres villes de Sicile. L’ombre de l’Etna et les traces de précédentes éruptions donnent une atmosphère particulière. La fontaine de l’éléphant , elle aussi en lave, ouvre vers le marché aux poissons, spectacle fascinant : brouillon, sonore, avec ses pêcheurs aux mines patibulaires, il n’a rien des autres marchés joyeux et colorés qu’il vous sera donné de voir ailleurs dans l’île.
La Piazza del Duomo a de la gueule avec ses édifices baroques ; le Duomo, est le monument phare de la ville et sa façade est considérée comme le chef d’œuvre de Vaccarini. C’est là, en quelque sorte une introduction à toutes ces églises, monuments et villes entières dédiées au baroque dont l’île foisonne. A l’intérieur vous pouvez vous recueillir devant le mausolée du compositeur Bellini. A vrai dire, nous ne nous sommes pas attardés dans la cité de Sant’Agata et avons délaissé bien des monuments digne d’intérêt. L’appel du Sud a été le plus fort.
Entre Catane et Syracuse, la côte ne présente pas grand intérêt. Le site archéologique de Thapsos ne se visite que sur rendez-vous ; celui de Megara Hyblaea est très difficile à atteindre car situé au cœur du complexe pétrolier d’Augusta qui s’étend sur des kilomètres. Autrement dit, l’autoroute est bienvenue pour filer vers la cité maritime que vous ne devez sous aucun prétexte zapper au cours de votre voyage. Au fil des kilomètres vous verrez le paysage se modifier : la Sicile orientale s’annonce avec son parfum de Maghreb.
La plus belle des villes siciliennes… selon Cicéron (1er siècle avant notre ère) que nous ne contredirons pas. Mais Syracuse est bien plus qu’une profusion de sites remarquables ; c’est la porte de cette Sicile orientale encore préservée, c’est un embarcadère pour des rêves lointains, c’est un rêve méditerranéen abouti…
La vieille ville
Sur un périmètre somme toute assez restreint, à savoir l’île d’Ortygie, se concentre l’âme d’une cité joyeuse, paisible, tellement poétique, ouverte sur la mer : plus authentique que Taormine, moins brutale, trépidante et bruyante que Palerme, plus douce que Trapani bousculée par le sirocco, plus souriante que la rigide Modica.
Ici l’Histoire s’entrechoque. Pour preuve cette cathédrale (duomo) édifiée sur un temple dédié à Athéna : les colonnes doriques s’imbriquent dans l’édifice chrétien en un extraordinaire puzzle défiant temps et chronologie. Choc esthétique, choc émotionnel garanti.
Dans le dédale des rues étroites, les palais baroques se font discrets et c’est surtout la nuit, élégamment éclairés, qu’ils révèlent leur exubérance. Toute promenade dans Ortygie mène à la somptueuse place del Duomo à privilégier au soleil couchant ou pour la passegiata nocturne.
Ici, la douceur de vivre est palpable. Les Syracusains s’attardent aux terrasses des gelaterias à toute heure du jour ou sur les bancs des places ombrées pour des discussions animées. Le marché matinal donne le la : les voix tonitruantes des vendeurs de poisson sont en compétition avec toutes sortes d’engins pétaradants ; et c’est sur ce tempo que s’étirera la journée.
Prenez le temps de déambuler le long de la promenade maritime avec sa Fontaine Aretusa éclaboussée de papyrus, ses ficus monstrueux en contrebas des remparts espagnols, poussez jusqu’au Castello Maniace, tout au bout de l’île, là où rôde l’ombre de Frédéric de Hohenstaufen, fabuleux empereur du XIIème siècle. Et là, vous serez comblés de béatitude !
Les musées
La Galleria régionale di palazzo Bellomo mérite vraiment la visite. Nous avons particulièrement aimé la série de Madonna col bambino du XVème siècle et les sculptures médiévales.
Le Museo archeologico regionale, situé en dehors d’Ortygie. A ne pas manquer assurément avec ses 18 000 objets provenant de tout le sud-est de la Sicile.
Le Parc archéologique de Neapolis
Au nord de la ville moderne, les touristes se pressent pour admirer les vestiges de ce qui était la plus grande ville de Sicile aux 5ème et 4ème siècle av. J-C.
Creusé dans la roche, le théâtre grec est splendide. Sur ce lieu, il se passe quelque chose d’étrange : les acteurs engagés dans la pièce d’Eschyle « les Perses » pourraient bien occuper l’espace sans que nous en soyons plus troublés que cela. Est-ce l’harmonie, la beauté qui opèrent ? Mais, doutons qu’un pareil miracle se produise en été avec la chaleur écrasante et les grappes de touristes investissant les gradins. Nous ne le répèterons jamais assez : la Sicile ne se donne qu’hors saison.
La latomie du Paradis occupe une faille de la colline. Un délicieux jardin conduit à la fameuse Oreille de Dionysos (l’un des lieux de tournage du tout dernier Indiana Jones), grotte utilisée par le tyran Denys l’Ancien. L’acoustique exceptionnelle de l’endroit, la pénombre et son passé de prison exacerbent l’imagination. Moment ludique garanti.
Alentours de Syracuse
La Fonte Cyane
Lorsque vous arrivez de Catane par l’autoroute, avant d’entrer dans Syracuse, faites un crochet sur les rives de la rivière Cyane, là où poussent les papyrus. Vous ferez une promenade bucolique par des sentiers aménagés dans le marais, sentiers ourlés de touffes de ces plantes ébouriffées d’une palette subtile de verts. Enchanteur.
Punta Castelluccio
Si vraiment vous avez du temps devant vous et que vous souhaitez, après tant de palais, églises et vieilles pierres, retrouver la nature et les éléments, filez de l’autre côté du golfe (route de Fontana Blanca ou d’Avola).
Un petit chemin longe la mer et la vue sur Syracuse est un ravissement. En poursuivant vous arriverez au cap où se dresse le Faro di Capo Murro di Porco, décrépi et battu par les vents. Entre roches chaotiques et palmiers nains, ce lieu solitaire sera comme une bouffée d’oxygène ou… saisi de tant d’âpreté vous prendrez les jambes à votre cou !
Pratique
Restaurant Basirico, via Amalfitania : très jolie salle moderne. Le « tonno e su crema di peperoni, cipolla al nero d’Avola » (thon quasiment cru à la crème de poivrons, oignon et vin d’Avola) est un pur délice. Les pâtes « casarece al nero di seppia con ricotto et pistacchia » sont décevantes. Dans les bars, en automne user et abuser de suco fresco de melagrana (jus de grenade) ou durant les autres saisons, de jus d’orange frais.
Hotel Domus Mariae : pour sa terrasse dominant la mer et l’île, pour sa situation dans Ortygie. Relativement cher sauf si, hors saison, on prend soin de réserver longtemps à l’avance ; alors on peut bénéficier de promotions intéressantes.
Si vous louez un appart, la surprise est parfois au rendez-vous.
Exemples : beau trois pièce à Ortygie mais… dans un immeuble très bruyant avec un réveil aux aurores assuré par le camion poubelle dont les employés ne font pas dans la dentelle…
Ou encore belle cuisine avec plaque à induction mais sans casseroles adaptées à ce type d’installation. Impossible d’y faire cuire quoi que ce soit…Les agritourismes sont assez loin de la ville et entourés de vergers d’agrumes, ils sont alléchants. A tester.
Après avoir déambulé dans Syracuse, la tentation est grande de filer vers les villes baroques tant vantées de Ragusa, Noto et Modica. Alors là, ce serait bien dommage !
En choisissant d’aller vers le Capo Passero puis en poursuivant jusqu’aux terres de prédilection du commissaire Montalbano vous vous réservez une parenthèse enchanteresse ; et vous prenez le risque de ne plus vouloir quitter cette contrée encore préservée de tout aménagement touristique de masse. L’avantage c’est aussi de lever enfin le voile sur une certaine Sicile, celle qui allie comme Janus une face éclatante et une face sombre. Bref, sûrement la Sicile des… Siciliens !
Prenez l’autoroute Syracuse – Rosolini (en cours de prolongation) en mauvais état et sortez à Noto si vous souhaitez faire un crochet jusqu’à la Villa romaine del Tellaro. Le site est modeste mais les mosaïques « n’ont rien à envier au fameux site Del Casale » dit le guide. En qualité certes mais en quantité….
Sinon, sortez à Rosolini et amorcez la descente vers la ville de Pachino par la route départementale SP26. C’est un riche terroir qui se déploie jusqu’à la mer. Sur une terre sombre ourlée de murets de pierres sèches poussent vignes et oliviers entre figuiers de barbarie et cactus géants. Ce paysage a une douceur et une harmonie qui pourrait rappeler la Toscane, une Toscane exotique !
A l’approche de Pachino, se multiplient les étendues blanches des serres et ce, jusqu’à la mer. C’est là qu’est plantée la fameuse tomate de Pachino à la saveur douce et fruitée. Ses caractéristiques sont dues au microclimat de son terroir et au taux de salinité des eaux d’irrigation. Elle bénéficie d’une IGP depuis 2003. Mais, une telle réussite a sa face sombre : les producteurs emploient une main d’œuvre bulgare et dernièrement se tournent vers les migrants qui échouent sur les côtes siciliennes. Ces « esclaves » secouent les plants de tomate durant des heures dans des serres où la température dépasse les 40° ; ils sont payés 3,50 euros par conteneur de 3 tonnes. Leurs conditions de vie sont déplorables : logés dans des gourbis de fortune, souvent en toile, ils doivent malgré tout payer un loyer. La filière est souvent aux mains de la Mafia et les recruteurs ou caporalato font régner la terreur.
Avant de mettre le cap vers le sud, faites un petit crochet à Marzamemi, (3km de Pachino) en bord de mer. Ce petit port de carte postale est devenu très touristique mais il n’est pas défiguré. Hors saison, ce bourg prend des allures surannées avec les maisons de pêcheurs en pierre de grès, son port où dansent de petites barques colorées.
L’ancienne tonnarra (lieu de pêche où les thons étaient harponnés) n’est plus qu’un souvenir mais deux conserveries locales de renom vendent leurs produits : sauces aux tomates de Pachino, conserves de thon, poutargue de thon…
La maison rouge posée sur le bleu de l’eau est celle de l’écrivain du XVIIIème siècle, Vitaliano Brancati.
Sur ce point de côte, pas de vestiges fabuleux, pas de sites remarquables mais seulement la beauté des paysages côtiers et surtout cette atmosphère de premier matin du monde, une sorte de pureté et de dénuement qui peut faire dire : « je suis arrivée, c’est là ». L’écrivain Dominique Fernandez, celui de « Porporino ou les mystères de Naples », ne s’y est pas trompé. Il vécut là plus de 18 étés flamboyants dans le ravissement le plus complet (lire Le radeau de la Gorgone de Dominique Fernandez).
Là, deux mers se rencontrent : la mer ionienne et la mer méditerranée. Là nous sommes aux confins de l’Europe. Là, l’imagination prend son envol avec une facilité déconcertante : il y a 2000 ans, les Grecs pêchaient déjà le thon ; là se profile la forteresse aragonaise construite par le roi de Sicile Philippe II en 1611, vestige d’une occupation, une parmi tant d’autres. Là se ferme la porte d’un ancien monde, celui appartenant aux nobles. Leur richesse, ils la devaient à ces bancs de thon rouge en route vers l’Atlantique qui se retrouvaient piégés dans des filets ou cage de la mort puis hissés sur les bateaux à l’aide de harpons lors d’une « mattanza » frénétique rougissant la mer.
Sur la rive se dresse le château de style Liberty du baron Bruno Di Belmonte, érigé dans les années 30. Il jouxte la tonnara (conserverie de thon rouge), aujourd’hui en ruine, qui fit la fortune de cette famille noble. Depuis peu, la résidence du marquis est devenue un hôtel.
Cette pointe sud-est de la Sicile s’éveille à peine au tourisme et garde encore son authenticité. Pour combien de temps ?
Nous attendions beaucoup de ces villes cent fois célébrées dans tous les guides. Les villes de Noto, Modica, Raguse et Scicli, reconstruites après le tremblement de terre de 1693, sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Joyaux de ce baroque tardif typiquement sicilien, elles mettent en scène une profusion de façades concaves ou convexes, d’ornements sculpturaux : frises, figures grotesques, griffons, chérubins, de mascarons et putti, en une flamboyance dorée, de balcons ouvragés, d’escaliers monumentaux. Eglises et palais majestueux s’insèrent avec théâtralité sur les flancs escarpés des collines du Mont Iblei.
Si vous devez faire un choix, privilégiez Scicli et Raguse.
Noto
La ville s’organise autour du Corso Vittorio Emanuele. A son extrémité, le visiteur passe sous un arc de triomphe monumental (19ème) et entre dans un décor de théâtre somptueux mais un rien figé et pompeux. On raconte que les habitants de Noto, lorsqu’ils ont reconstruit leur ville détruite, ont eu comme but premier de surclasser les communes alentour. Noto est un magnifique musée à ciel ouvert et possède certainement parmi les plus beaux monuments du baroque sicilien. Mais que tout cela manque d’âme ! Et paradoxalement, malgré les hordes de touristes, Noto manque singulièrement de vie et pourrait se trouver n’importe où, tellement cette cité donne l’impression de n’être pas Sicilienne.
Modica
Quel regret d’avoir choisi cette ville comme point de chute !
Coincée dans une gorge, Modica a quelque chose d’oppressant ; tant par sa situation que par son atmosphère désuète. Ici, les clivages sociaux sont nets, tranchés, les convenances sociales figées aux années 50, les habitants n’ont pas cette pétulance et gaieté des Syracusains. Le corso suit le cours d’une ancienne rivière qui a creusé un canyon inhospitalier. De part et d’autre, les ruelles grimpent tristes et sombres. L’agglutinement de cubes enserrés les uns aux autres qui coulent sur les deux versants de la gorge est certes spectaculaire mais surtout étouffant.
Cela dit, la découverte des quelques monuments, au petit matin ou au coucher du soleil n’est pas à dédaigner. Il vous faudra gravir 250 marches pour atteindre le Duomo San Giorgio. La vue y est magnifique.
Il faut absolument acheter du chocolat de Modica, un délice ! Fabriqué selon une recette qui remonte aux Aztèques, ce chocolat ne contient ni beurre de cacao ni lécithine de soja. Sa texture est granuleuse et les cristaux de sucre craquent sous la dent. Toutes les boutiques vendent cette spécialité. Ne pas rechercher systématiquement le moins cher car la qualité s’en ressentirait fortement. L’antica dolceria Bonajuto, sur le Corso, reste la confiserie la plus réputée.
Ragusa
Ici aussi, un ravin sauf que la cité caracole sur deux buttes : d’un côté Ragusa Superiore et de l’autre Ragusa Ibla. C’est cette dernière qui vous intéresse avec ses palais, ses églises et son Duomo, tous baroques. Raguse a de la grâce et de la beauté. Déambuler dans ses rues c’est découvrir au hasard, ses sculptures, ses balcons, ses putti, ses jardins… et de toute part un point de vue à couper le souffle.
La piazza del Duomo, en pente, est le point névralgique de la cité. Avec sa fontaine, ses palais de Donnafugata et Arezzi, ce vaste espace invite à siroter un café ou un lait d’amande en terrasse de quelque bar. La pièce maîtresse de ce décor tient à cette élégante cathédrale à la façade rose et au parvis impressionnant ; cathédrale bien plus harmonieuse que n’importe lequel des monuments vus à Noto. L’intérieur est terriblement kitch et suranné !
Dans ce lacis de ruelles en pente, le palazzo La Rocca attire l’œil avec ses six balcons ornés de portraits amusants. A la proue de ce navire qu’est Ragusa Ibla, le Giardino Ibleo domine la campagne environnante et les collines pelées des Monts Iblei ; délicieuse halte sous les frondaisons.
Pause gourmande : la Caponata
Recette de la Caponata (pour 6 personnes)
C’est un des plats à base de légumes emblématiques de Sicile et c’est…. délicieux et fondant !Ingrédients :
350 g de poivrons, 500 g d’aubergines, 2 oignons, 2 branches de céleri, 3 tomates, 5 c. à s. d’huile d’olive, 125 g d’olives vertes dénoyautées, 2 c. à s. de câpres, ½ verre de vinaigre de vin (60 g), ½ verre d’eau (60 g), 1 c. à c. de sucre en poudre, sel & poivre du moulinLes proportions de chaque ingrédient varient suivant l’humeur ou la personnalité du cuisinier (ère)… A vous de jouer. Vous pouvez également réduire la quantité d’huile d’olive pour des raisons diététiques ; en Sicile, ça baigne !
Couper les oignons et les poivrons en petits dés.
Couper le céleri et les aubergines en petits dés également.
Couper les tomates en dés.
Couper les olives en 2 et égoutter les câpres.
Mettre 2 cuillerées à soupe d’huile dans la poêle et y faire revenir les oignons et les poivrons, sans les faire colorer.
Ajouter le céleri et laisser revenir.
Ajouter 2 cuillerées à soupe d’huile et ajouter les aubergines. Bien remuer et les laisser revenir quelques minutes.
Ajouter les tomates et remuer.
Ajouter enfin les olives et les câpres. Laisser cuire 5 minutes.
Ajouter le sucre, le vinaigre et l’eau. Saler et poivrer.
Laisser cuire 30 minutes environ, jusqu’à ce que les aubergines soient bien tendres.
Laisser refroidir et mettre au réfrigérateur.
Servir bien froid.
La caponata se sert aussi chaude, en hiver, en accompagnement d’une viande.
En retrait des grands sites baroques, la petite ville de Scicli nous est allée droit au cœur. Nous donnons raison au romancier Elio Vittorini qui prétend qu’elle plus belle que Raguse… Disons qu’elle est plus vivante, charmante et même si elle se niche dans une gorge, lumineuse et douce elle incite à s’attarder en son sein. Ici, à l’opposé de Modica, se retrouve cette vivacité des gens du Sud, leur joyeux brouhaha, cette spontanéité brouillonne qui nous a tant manquée dans les autres villes baroques.
Elle aussi ravagée par le séisme de 1693, la ville a été reconstruite dans le style baroque tout en gardant son tracé médiéval. Entourée de collines boisées, dominée par son château du XIIème siècle, Scicli est remarquable pour ses églises et ses balcons avec des grotesques… surprenants.
L’église Madona del Carmine très lumineuse enchante par son style roccoco : revêtement de stuc blanc palermitain et nombreux tableaux. L’église San Bartolomeo abrite les 29 statues en bois, finement sculptées, d’une crèche du XVIIIème siècle. La Madone à cheval de l’église Madre Sant’Ignazio, en bois, célèbre la victoire sur les Sarrasins d’où son nom : la Madonna delle Milizie. Munificence du palais Beneventano : les décors de sa façade fascinent et amusent.
Sur le versant de la colline San Matteo le site rupestre de Chiafura laisse songeur ; il était encore habité dans les années 1960. Aujourd’hui, les dernières maisons ou bicoques accrochées au point ultime de la ville, sont le refuge d’une population démunie qui s’entasse dans ces cubes branlants côtoyant un palais délabré qui menace ruine.
De Capo Passero jusqu’à Gela, s’égrènent de petites stations balnéaires sans prétention. Hors saison, elles ont un charme désuet voire délicieux car ce bout de côte n’est pas encore gâté par de grands ensembles touristiques. Marina de Ragusa, seule, prend des airs de Côte d’Azur. Ici, pas de site admirable ni de paysages grandioses, juste un fragment d’Europe incongru, un embarcadère pour des rêves africains et cette couleur irréelle de la mer.
Des cabines comme dans les années 50, un ruban de sable jusqu’à l’horizon, une ambiance familiale… La quiétude. Au bout de la plage se dressent les vestiges d’une ancienne briqueterie, construite dans les années 1900, et qui fut incendiée en 1928.
C’est un village de pêcheur si isolé qu’il ne verrait âme qui vive sans le célèbre commissaire Montalbano qui, dans la série télévisée, décide d’y élire domicile. Le temps s’est arrêté et l’on ne se lasse pas de déambuler entre le petit port et la plage dans cette douceur de bout du monde.
Cette Sicile rurale offre des paysages d’une grande douceur. Le blé et les oliviers courent sur des collines brûlées de soleil. Ici et là des fermes de pierre ou de cossus domaines ponctuent le paysage.
En prenant de l’altitude, l’Altopiano Solfifero devient le domaine du mouton paissant dans la garrigue.
Incontournable site de la Sicile romaine, la Villa del Casale par sa taille exceptionnelle, ses somptueuses fresques de mosaïque, est un témoignage à la fois bouleversant et sidérant de l’art de vivre de ce 3ème siècle à l’époque de l’empereur Maximilien.
Il faut vraiment prendre le temps de regarder en détail les naïades, les tritons, les centaures, les amours, les scènes de chasse criantes de vérité, les lions, guépards, antilopes et éléphants, etc..
La salle des jeunes filles en bikini laisse pantois.
Dans le couloir de la Grande chasse, la mosaïque raconte la capture des animaux en Afrique, leur embarquement sur des galères et leur arrivée dans l’amphithéâtre où avaient lieu les jeux.
Pour apprécier vraiment, se munir d’un opuscule qui fournit toutes les explications de ces merveilleuses mosaïques et prévoir une journée avec saut de puce au cœur de Piazza Armerina pour rendre visite à Gianna dans sa minuscule trattoria, piazza Umberto 1.
La route qui descend de Caltanisetta jusqu’à la côte traverse des paysages de plus en plus arides. Les haies et les champs de figuiers de Barbarie deviennent le lot commun. C’est une autre Sicile qui se dessine, brute et sauvage.
Il ne faut pas entrer dans ce monde à part, ce monde grec, ne pas aborder cette plongée dans le temps, ne pas gâcher cette éblouissante beauté qui est offerte en bâclant la visite ; c’est-à-dire choisir les heures les plus chaudes, les moments d’affluence, attribuer un créneau de temps ridiculement bas à ce lieu qui alors se vengera en se refusant à vous.
Dans la lumière du petit matin, les sept temples juchés sur un plateau rocailleux, vous ensorcelleront et vous aurez alors une idée de ce que Pindare appelait « la plus belle des cités des mortels ».
La nuit, le site est magique : que vous l’aperceviez des collines environnantes, de la route qui y conduit ou si vous bénéficiez des visites nocturnes organisées l’été.
Le temple de la Concorde, de style dorique, est le plus fascinant car le mieux conservé. Edifié vers 450-440 av J.C, il est transformé en basilique vers 597. Construit en pierre de tuf locale, l’intérieur et l’extérieur était recouvert d’une couche de stuc blanc rehaussé par des éléments polychromes.
Du temple de Junon, il reste 25 colonnes dressées en pierre ocre. Le temple d’Hercule, le plus ancien (fin VIème av J.C) dresse ses colonnes de la période archaïque.
Du temple de Zeus ne subsiste qu’un amas de blocs mais un géant en pierre occupant la partie haute des colonnes donne une idée des dimensions démesurées de ce temple.
Un itinéraire paléochrétien conduit à une nécropole avec des hypogées, tombes creusées dans la paroi rocheuse. Un sentier bordé de caroubiers, amandiers et figuiers de Barbarie file directement dans une dépression calcaire recouverte d’une végétation luxuriante. Ce jardin de la Kolymbetra est un enchantement. Occupant ce site de la Vallée des Temples, un troupeau de chèvres de la race « Girgentana » snobe les touristes. Cette race originaire d’Afghanistan a été importée par les Grecs ou les Arabes… on ne sait.
D’Agrigente très touristique, c’est avec délice que nous retrouvons la mer et une côte très préservée qui va de Porte Empedocle à Sciacca. Pour les fans de Montalbano, un arrêt à Porte Empedocle, ville de l’écrivain Andrea Camillieri, s’impose. Juste pour humer l’air et retrouver l’atmosphère et les lieux des livres policiers qui nous ont tenus en haleine.
Arrêt obligatoire à la Scala dei Turchi, falaise de marne d’une blancheur éclatante, au bord d’une plage piquetée de blocs de lave. Magique !
Jusqu’à Eraclea Minoa, le bord de mer est d’une absolue sérénité avec les forêts d’eucalyptus qui taquinent le sable ; une impression d’éternité, de dépouillement qui vivifient l’âme. Beauté brute, beauté d’un premier matin du monde. Prenez le temps de vous perdre dans la réserve naturelle de Torre Salsa.
Les restes de la cité grecque d’Eraclea Minoa sur une colline isolée, clôturent dans le même esprit, ce périple hors des sentiers battus, moment béni qui restera dans notre mémoire pour sa douceur. En contrebas, la plage de Capo Bianco nous retiendrait bien… pour toujours !
Lors des rares incursions dans l’arrière pays, cette Sicile brute nous a donné envie de revenir dans ce sud au printemps et de pousser vers les Monti Sicani…
Il est tentant de se rendre à Trapani en empruntant l’autoroute aux environs de Mazara del Vallo. Pour ceux dont le temps est compté c’est la solution. Dans ce cas privilégier la visite de Sciacca et puis remonter tout droit. Ce sera l’occasion de visiter le site de Segeste, un temple grec niché au cœur d’un vallon sauvage. Bien mieux à mon avis que de déambuler dans les ruines de Selinunte, mais c’est un avis personnel !
Ces vestiges , dévorés d’herbes folles, dominent la mer et en imposent. Temples en ruine et chaos de pierres laissent une impression un rien oppressante mais le bleu de la mer et les modestes fleurs printanières viennent adoucir ces traces d’un passé flamboyant.
Mazara del Vallo n’a rien de remarquable. Située à moins de 200 kms de la Tunisie c’est justement par ses influences arabes encore prégnantes qu’elle peut attirer les visiteurs. Le brassage de population, avec un fort pourcentage d’Africains, en fait l’antichambre du Maghreb. Magnolias et palmiers mènent à la jolie piazza de la Republica, puis au collège des jésuites et à la cathédrale. Le port chenal est très actif et le matin vous pouvez attendre les pêcheurs de haute mer.
Entre Mazara et Marsala, aucune envie de s’attarder dans une Sicile côtière étrange, repliée sur elle-même, peu touristique, à l’atmosphère bizarre ; zone où le paludisme sévit gravement jusqu’au XXème siècle. Au-delà des vignes, quelques marécages et des plages sales battues par le vent. Quelques baglios un rien décrépis, des maisons basses, cubiques et peu de vie. On dit qu’ici la mafia bloque tout projet d’aménagement, qu’elle règne en maître. Légende ? N’empêche qu’une pesanteur gâte la découverte.
Marsala est incontournable pour qui apprécie son vin mais également pour son musée archéologique di Baglio Anselmi, vraiment remarquable. A ne pas manquer la Vénus Iside magnifique. Quant à la ville en elle-même…
Les fleurs rouges de Sicile
Découverte fantastique d’un arbre aux énormes fleurs rouges :
l’erythrina ou arbre corail.
Trapani et ses alentours, c’est autre chose, une autre Sicile, plus secrète, plus orientale, plus discrète, plus farouche. Entendre par là qu’il faut prendre le temps de vagabonder non seulement dans la ville mais dans cette campagne qui recèle bien des attraits. Trapani tu l’aimes… à la folie ou tu la quittes…rebuté.
Ne soyez pas surpris si vous êtes accueillis par un brouillard diaphane qui rend chaque paysage étrange. C’est que le sirocco ne va pas tarder à souffler, chaud et puissant, il alourdit les membres, secoue les palmiers et malmène les embarcations.
La vieille ville est charmante. Après avoir fait un tour au port, assister au retour des pêcheurs, perdez-vous dans les petites rues pour aboutir à la Via Giuseppe Garibaldi, véritable pouls de la cité. Les bâtiments de style Liberty, les palais et d’amples terrasses dévorant la rue vous promettent un répit délicieux.
Des promenades plus paisibles notamment celle qui conduit à la Torre di Ligny, à la pointe de la ville, vous donnent rendez-vous avec la mer et les îles Egades, au loin.
Nous avons adoré le musée Pepoli, situé dans le magnifique couvent des carmélites. Ce musée est à l’image de cette région : sans prétention mais au charme ensorceleur avec bien des pépites cachées.
Le couscous de poisson est une spécialité de la ville de Trapani, un des maints héritages de la présence arabe dans l’île entre le 9ème et 11ème siècle. Il est assaisonné avec une soupe de poissons de la méditerranée.
Depuis le XVIème siècle, la ville a développé un certain renom pour son travail sur le corail. Les aristocrates et les princes affectionnaient les œuvres d’art produites dans les ateliers et dans les musées on retrouve des pièces incroyables et parfois délirantes. Les boutiques aujourd’hui ne manquent pas même si les bijoux proposés sont plus… modestes !
Coup de cœur pour l’Antico Baglio à Paceco. Une table de petit déjeuner à se damner !!! Pain, gâteaux typiques, focaccia et beaucoup de fruits dont les oranges de la propriété
Lors de votre séjour à Trapani, il y a fort à parier que, tous les soirs, vous irez vadrouiller au bord de la lagune du Stagnone, vous perdre dans les salines de Paceco ou Nubia.
Bref, vous emprunterez la Via del Sale à sens unique et là dans la quiétude la plus absolue vous emmagasinerez des souvenirs en sirotant peut être un apéro car tout au long de la via, les petits troquets ne manquent pas.
Cette activité saline remonte aux Phéniciens. Les moulins ne sont, aujourd’hui, là que pour le décor mais l’extraction continue. D’ailleurs, si vous voyagez en été, c’est un spectacle étonnant de voir, sous une chaleur accablante, des Siciliens brûlés par le soleil, reproduire des gestes ancestraux. Vous pouvez visiter le Mulino della Salina infersa (16ème) ou, plus modeste, le Museo del sale à Nubia.
Erice est un petit bijou de cité médiévale blottie contre son château perché à 750m au-dessus de la mer avec la ville de Trapani à ses pieds. C’est dire si le point de vue est époustouflant… quand le brouillard ne décide pas de s’installer ! Par temps clair, il se dit que l’on peut voir le cap Bon en Tunisie.
A côté de la Porta di Trapani, l’église fortifiée trapue et l’ancienne tour de guet du roi Frederic forment un sacré ensemble ! Cette Chiesa Madre, avec sa voute en éventail et ses stucs de couleur tendre est surprenante.
Tout un lacis de ruelles pavées à dessins géométriques, conduisent d’églises en monastères, au gré de vos envies. Au pied du château, le jardin del Balio, créé par les rois Normands, invite à une halte. D’allure sévère, le Castello di Venere à l’extrême pointe du promontoire avait une fonction défensive. Reste aujourd’hui un site à la présence puissante qui ouvre sur un panorama merveilleux.
Dans la via Vittorio Emanuele, la pâtisserie de Maria Grammatico a une renommée désormais internationale et les touristes s’agglutinent devant la devanture. Ce n’est pas un passage obligé. En effet, il y a quelques années, les gâteaux à base de pâte d’amande valaient vraiment le détour mais l’afflux de clients a quelque peu détérioré la qualité, qui n’est plus exceptionnelle.
Il serait dommage de quitter Trapani pour filer direct à Palerme en délaissant la pointe nord ouest de l’île. Certes, cette zone est excentrée, c’est un cul de sac (impossible de rejoindre Scopello par la côte, il faut revenir sur ses pas). Mais ce bout du monde, hors saison laisse une impression forte à qui aime les grands espaces et le dépouillement.
Au départ de Trapani vers le Capo San Vito, prenez la route qui quitte les faubourgs de la ville et suit la côte (SP20). Vous pouvez faire halte au village de Bonaglia afin de visiter le musée de la Matanza (pêche au thon à l’aide de harpons, particulièrement cruelle et aujourd’hui interdite). L’iconographie est très riche, passionnante avec en fond sonore les chants psalmodiés par les pêcheurs au moment de la mise à mort.
La route s’enfonce dans l’intérieur des terres. Pour la beauté de la vue mais aussi pour la visiter, montez jusqu’à la grotte Mangiapane abandonnée depuis quelques décennies par la famille qui l’habitait et aménagée en éco-musée des années 50. Très instructif sur le mode de vie paysan, la rudesse et la pauvreté inhérente qui explique bien les vagues d’immigration. Sans compter que de ces hauteurs la vue est tout simplement merveilleuse. Jetez un regard sur l’immense carrière de marbre perlé (un des plus prestigieux du monde, exporté vers l’Arabie Saoudite, le Canada, Japon ….) qui éventre la montagne.
Ce site (la grotte, les carrières, …) a servi de décors à des épisodes de la série Montalbano ainsi qu’à la série Macari.
Avant d’entrer sur le territoire de Capo san Vito, il faut passer un col et redescendre vers la mer. Là, choc. C’est sublime, aride, vivifiant et tout et tout…. Coup de foudre. L’endroit, si perdu, a été médiatisé par la série italienne Macari donc à découvrir hors saison.
Dans le village tout blanc de Capo san Vito, la Chiesa Madre a gardé son aspect de forteresse sarrasine.
Attention, goûter absolument les cannoli de la pâtisserie Capriccio ! La renommée de cet établissement est nationale…
Après le village, la route s’élève vers l’extrémité du cap, traverse un plateau où quelques fermes sont disséminées puis grimpe encore pour… s’arrêter net. Là commence la Réserve naturelle du Zingaro, territoire des randonneurs qui peuvent éventuellement rejoindre… Scopello à pied !
Charmante au printemps, la minuscule île dans la lagune de Stagnone a été occupée par les Phéniciens ; d’où le musée créé par l’archéologue anglais Whitaker. Statuettes de divinités mères, vases corinthiens, céramiques puniques ne volent pas la vedette à l’admirable Ephèbe de Mozia.
La balade sur l’île comblera les férus de vieilles pierres.
De retour de Capo san Vito vous pouvez faire un crochet vers Scopello, cité balnéaire très prisée. C’est une petite bourgade mignonnette, fleurie qui doit sa renommée à l’ancienne tonnara (unité de pêche au thon) posée dans le creux d’une madrague. Voilà une vue présente dans tous les dépliants touristiques. La visite, le stationnement et l’accès à la crique sont payantes. Notons qu’il existe d’autres lieux plus accessibles et aussi instructifs pour découvrir ce qu’est la matanza (voir plus loin).
Très prisée également, la cité balnéaire de Castellammare avec son immense golfe avec son château médiéval.
Les petits restaurants en bord de mer, au bas du village proposent un poisson excellent et très frais.
Le problème de la mafia est si prégnant que nous avons voulu visiter le musée afférent courageusement installé dans la ville de Salemi, à l’intérieur des terres. De plus c’est l’occasion de visiter un château normand édifié par notre cher Roger de Hauteville, roi de Sicile dont l’histoire mérite d’être connue. Nous n’avons pas été déçus. La campagne y est très belle, le centre historique a gardé des empreintes de la culture arabe et enfin le musée (municipal) est à vous donner des frissons tant le sujet est abordé sans tabou. On y touche du doigt toute la cruauté de cette organisation qui gangrène l’île. Et pour cause, puisque la mafia a infiltré la classe politique notamment la Démocratie Chrétienne, dès l’après guerre et que cela continue aujourd’hui (l’un des « clients » les plus célèbres, à savoir feu Berlusconi, vient tout juste de disparaitre !)
Avant d’aborder Palerme, il peut être utile de dire quelques mots à propos de l’implantation et de l’influence des Normands en Sicile à partir du XIème siècle.
C’est une histoire fascinante que celle d’une poignée de mercenaires normands qui, sans vergogne, débarquent en Pouille vers 1016, bataillent, s’allient à des roitelets locaux, trahissent, engrangent des territoires, guerroient sans fin, trouvent leur maître : le fameux Robert Guiscard et qui finissent par débarquer en Sicile. A partir de là…. c’est une dynastie qui va voir le jour.
Pourquoi ? Ben en Normandie, les cadets sont pauvres et désœuvrés ; ils écoutent les pélerins revenus de Terre Sainte ; ceux-ci ont fait escale au Mt Gargan dans le sud de l’Italie et parlent de cette terre comme d’un El Dorado (paysages, climat et richesses des églises). Une poignée d’hommes tentent l’aventure. Après avoir pillé, chargés de rapines, ils retournent vers Coutance et font des envieux. Commence alors un exode massif de mercenaires au moins jusqu’en l’an 1120.
Donc la conquête de la Sicile aux mains des Arabes, menée par le Guiscard et son frère Roger , débute en 1061 et en 1091 Roger 1er de Hauteville devient Grand Comte de Sicile. Il mène une politique innovante : loin d’exclure les vaincus, il utilise les savoirs grecs et arabes, apporte les connaissances normandes et réussit à créer une civilisation tolérante et éclatante. Dans sa cour, sont employées indifféremment les langues arabe, grecque et normande. C’est son fils Roger II qui portera au pinacle ce melting pot, nous laissant de somptueux monuments notamment à Palerme et le souvenir d’une époque flamboyante. Son fils Guillaume II ne sera pas à la hauteur et ce royaume qui faisait l’émerveillement du monde tombera dans l’escarcelle du cruel empereur Henri VI, fils de Barberousse. C’est son fils le fameux Frédéric II de Hohenstaufen qui tombé amoureux de cette île lui redonnera quelques lustres.
Palerme, ah Palerme ! Un monde à part entière avec ses contrastes violents, son bouillonnement, ses délicieux îlots de quiétude, ses boutiques religieuses et sa jeunesse pétulante et libre, ses quartiers populaires en quasi abandon et ses palais d’une élégance folle, palais sortis de la décrépitude, sa population qui en fait, est un melting-pot comme au temps du roi Roger. Des cris, les mélopées des vendeurs de Ballaro, le langage stylé des serveurs de la place de la Marina, le boucan infernal des voitures, les mouettes qui s’égosillent et… la mer.
Palerme revient de loin. Abandonnée, délaissée, méprisée par les politiques du Nord puis mise à sac par la mafia et ses accointances politiques, elle a bien failli expirer dans les années 70 pour survivre sordidement par la suite. La Conque d’Or a été dévorée par le béton, les palais se sont fissurés, mangés de salpêtre. Miracle, certains ont tenu bon. Les touristes ne s’aventuraient que timidement dans ce qui n’était plus une ville à la splendeur fanée mais un coupe gorge hanté par la mort C’était laid, triste et poignant.
Palerme d’aujourd’hui est une fleur qui peu à peu s’épanouit, qui séduit timidement. Certes, sa réputation laisse encore à désirer mais elle est portée par un souffle nouveau, l’énergie d’une jeunesse qui ne se reconnaît pas dans ces femmes endeuillées et noires, dans cette peur qui traverse la société, un souffle européen a secoué sa léthargie, l’ancienne municipalité de Leoluca Orlando, très ouverte, lui a redonné une âme..
Pour moi, la nouvelle Palerme c’est une image et un son : un bistro branché, un morceau de Jimmy Sax se déversant dans la rue, des jeunes attablés et gais, une fierté dans le regard.
C’est aussi une sculpture dans le parc du palais royal : un énorme FUCK rouge ! Fuck aux souffrances d’une population pauvre et soumise à la mafia et au poids de l’église, fuck au temps suspendu, fuck à cette honte d’être un Italien du Sud.
Ah ils savaient vivre ces rois normands ! Ils aimaient la beauté, les arts, l’architecture quelque soit son origine, les jardins et les jeux d’eaux. Dans chacun des monuments qu’ils nous ont laissés on retrouve un peu d’Andalousie, un peu de Constantinople et une influence de leur terre natale.
Le Palazzo dei Normanni (la plus ancienne résidence royale d’Europe) et la Chapelle palatine constituent la pièce maîtresse de tout touriste qui se respecte car c’est le plus bel exemple de l’art arabo-normand. Château des émirs arabes au 9ème siècle, il devient, vers 1072, fortement embelli et agrandi, résidence royale.
C’est Roger II qui va faire édifier la Chapelle palatine. Les mosaïques où l’or prédomine, sont particulièrement remarquables tout comme le plafond en bois à muqarnas (éléments en forme de stalactites) œuvre des ouvriers du califat du Caire.
A l’intérieur de la tour pisane, la chambre du Roger II donne un aperçu de toute la sensibilité artistique du monarque, de son raffinement : les mosaïques d’époque, face à l’entrée, déroulent des scènes de chasse d’une grande finesse ; un peu de l’âme de Roger est restée à errer entre ces murs.
C’est là que reposent les dépouilles de Roger II, de sa fille Constance, de son petit-fils, Frédéric II. Dans le style siculo-normand cet imposant édifice de la fin du 12ème a été remanié au fil des siècles.
Autour de la Piazza Bellini, on retrouve l’époque normande avec l’église la Martorana, commande de Georges d’Antioche, l’amiral de Roger II qui, semble-t-il a utilisé les artistes de son roi pour réaliser les magnifiques mosaïques (dans la partie primitive de l’église).
Tout à côté, l’église San Cataldo, d’époque normande elle aussi, en forme de croix latine, sévère et envoûtante, fait l’attraction de la place avec ses trois coupoles rouges très orientales en forme de « bonnet d’eunuque ».
Derrière la place Bellini, à l’intersection des vias Marqueda et Vittorio Emanuele, la célébrissime place des Quattro Canti attire la foule des touristes par l’originalité des façades concaves et par ses fontaines représentant les quatre saisons.
Non loin, sur la piazza Pretoria, tournez autour de la Fontaine de la Vergogna (de la honte) édifiée au 16ème siècle. Là des divinités dénudées, posées en cercles concentriques, balustrades et jeux d’eau forment un bel ensemble. Ce sont les religieuses, choquées, qui ont donné son surnom à cette œuvre d’art.
Ce marché est situé dans le quartier de l’Albergheria, quartier pauvre, déshérité qui n’a pas encore connu une seule opération de réhabilitation. Donc, les touristes tendance suisse qui aiment les cartes postales bien léchées, pas besoin de faire l’effort vous seriez déçus. Par contre, ceux qui sont à la recherche d’un Palerme authentique, populaire, vivant, brut courez y mais tôt le matin. C’est le royaume de la street food, vous n’aurez que l’embarras du choix pour casser la croûte. Les plus téméraires ne manqueront pas le Pani câ mèusa ou sandwich à la rate ! Cet abat sort tout chaud d’un panier recouvert d’un linge et il y a la queue pour obtenir cet en cas typique de Palerme. Sinon goûtez, entre autres, les panelles (beignets de farine de pois chiche frits) ; les crocché (beignets de pomme de terre), les stigghiole (intestins d’agneau grillés), les carcagnuli (gélatine de cartilage de museau). Enfin, plus classique les incontournables arancini, focacias, fritures de poissons, de légumes…. Bon appétit.
Derrière la Cala, ancien port, se tient le pittoresque marché de la Vucciria. L’atmosphère est différente : plus pesante, plus brouillonne, moins détendue. Des petits bistrots s’égrènent le long d’une rue fraîche et les boutiques pour touristes ont commencé à apparaître. C’est vraiment typique, un rien mauvais garçon…
La piazza Marina est un îlot de quiétude, elle a beaucoup de charme. Cela tient à son parc arboré qui apporte fraîcheur et calme, à ses palais restaurés et qui donnent une classe folle à l’ensemble. Il est très agréable de s’y promener en fin d’après midi et dans les rues adjacentes, les restaurants ne manquent pas.
Il faut ensuite pousser jusqu’à la Cala, ancien port de Palerme longé par un vaste espace vert où les Palermitains se détendent.
Près de Cala se trouve l’église Santa Maria della Catena. L’église doit son nom à la longue chaîne attachée à son mur extérieur qui a longtemps fermé l’accès à l’ancien port de Palerme.
C’est la dernière église construite sous le règne des rois normands au XIIème siècle. Roger III de Sicile y fut enseveli. C’est un édifice d’une beauté absolue dans ce quartier de la Kalsa entièrement détruit par les bombardements de la 2ème guerre mondiale ; détruite également la maison où le juge Giovani Falcone passa son enfance.
La piazza Magione est en fait un vaste espace vert sans attrait mais c’est le point de ralliement des jeunes et des concerts y sont donnés.
En mai, entre la basilique et la place, de multiples arbres croulant sous des fleurs roses donnent un peu de couleur au site.
Vous avec beaucoup marché dans la bouillante Palerme et vous voilà très las. Une halte au musée archéologique régional de Palerme, situé dans un ancien couvent du 16ème siècle peut vous être bénéfique. Le petit cloître est un havre délicieux, silencieux et serein.
Le musée rassemble des objets archéologiques témoignant de l’histoire sicilienne de la Préhistoire au Moyen Age. Les témoignages des peuples phéniciens, puniques, grecs, romains et byzantins abondent. Les pièces les plus spectaculaires viennent de l’acropole de Sélinonte ; bas reliefs imposants datant de 575 av. J.C.
Profitez de votre présence dans la ville nouvelle pour pousser jusqu’à la piazza Verdi, très agréable, où se situe un des plus grands théâtre lyrique d’Europe. C’est le Teatro Massimo construit dans le style néoclassique.
En poursuivant sur la Via della Liberta et les rues adjacentes, allez à la découverte des villas style Liberty, fin 19ème de la haute bourgeoisie palermitaine.
Après le Théâtre Politeama, dans la Via Norarbartolo, on peut aller en pèlerinage devant le domicile du juge Falcone assassiné par la Mafia. Nombreux sont les Palermitains à ne pas avoir oublié.
Un îlot de fraîcheur proche de la mer, avec de magnifiques plantes méditerranéennes et ces ficus gigantesques voilà ce qu’il vous faut pour vous ressourcer dans cette ville trépidante !
Lors de notre dernière visite, en 2022 nous l’avons trouvé moins beau. Les énormes plantes grasses ont disparu et les remplaçantes de taille plus modeste sont abritées dans une serre. Ce jardin n’en reste pas moins attrayant et très intéressant d’un point de vue botanique.
Si vous aimez l’époque médiévale et la renaissance, ce musée est une mine. La visite s’impose pour découvrir le buste d’Eléonore d’Aragon. Réalisée au XVème siècle par Francesco Laurana pour la tombe de la comtesse, cette œuvre d’une finesse, d’une pureté et d’une douceur infinie touche particulièrement le visiteur.
S’il est une seule raison de se rendre au palais Abatellis c’est bien celle-là : voir la fresque « La mort victorieuse », œuvre d’un inconnu qui date de 1446. C’est un choc ! On est saisi par le réalisme de la scène, par les tons froids et la cruauté qui émane de l’ensemble. Chaque détail est matière à réflexion et rappelle avec vigueur notre condition de mortel.
La Mort caracole sur un cheval emballé et tue tout autant les pauvres que les nobles. Chacun a sur le visage une expression différente : horreur, douleur, sérénité… L’indifférence au sort de l’autre est générale.
Un frisson passe.
Au 353, Via Vittorio Emanuele, rendez hommage à tous ceux qui ont eu le courage d’affronter cette organisation criminelle, penchez vous sur une histoire d’une cruauté absolue, regardez ces visages : ceux des bourreaux, ceux des victimes et soutenez une initiative remarquable.
« Il est important de déconstruire l’imaginaire romantique que les gens ont de la mafia à travers l’iconographie classique du cinéma. Nous, on veut montrer la mafia comme elle est vraiment » expliquent les responsables du Mémorial. Entrée gratuite.
C’est la mort des juges Falcone et Borsellino, en 1992, qui ont éveillé les consciences des Siciliens. La société civile a pris le relais et de nombreuses associations luttent contre ce fléau. « En assimilant les victimes de la mafia à des résistants ou des patriotes, (…) les associations proposent un système de valeurs éthique qui fait écho aux principes républicains. Le but étant de couper l’herbe sous le pied de la culture mafieuse, qui se fonde sur l’omerta et le contrôle du territoire » remarque Charlotte Moge, spécialiste de la Mafia.
L’association Addiopizzo, depuis 20 ans, protège les commerçants de la ville qui souhaitent s’affranchir du pizzo (racket). Elle propose également des visites guidées à travers son agence de voyage, qui parcourent des lieux emblématiques de la lutte antimafia.
L’association nationale Libera, fondée par un prêtre, Don Luigi Ciotti, en 1995, accomplit un énorme travail d’aide aux victimes, de sensibilisation et de redistribution des biens confisqués à la Mafia.
La mattanza désigne une pratique ancestrale de la pêche au thon, en Sicile ; pratique venue des Arabes qui, aujourd’hui ne subsiste qu’en Sardaigne.
Elle se déroulait au printemps quand les bancs de thon rouge passent au large des côtes. C’est le « raïs » (chef) qui décidait du moment où le dispositif complexe devait être mis en place : bateaux placés en U, positionnement de lourds filets de plusieurs kilomètres, filets divisés en chambres jusqu’au final, la chambre de la mort. « On pouvait entendre les prières des hommes pour que la pêche soit abondante, puis leurs chants lorsque le poisson était pris dans les filets.»
Une fois les poissons rassemblés dans ce dernier casier, le raïs donne le signal de la tuerie. Les hommes harponnent les poissons et les tirent dans les bateaux. La mer se colore de sang, c’est un spectacle qu’aujourd’hui on qualifie de barbare mais qui, à l’époque, était dicté par la nécessité et constituait l’un des piliers de l’économie locale.
Les aventures du Commissaire Montalbano (célébrissime dans toute l’Italie et pas uniquement en Sicile) sont, en fait, une histoire gastronomique, faite de saveurs et de goûts typiquement siciliens, que le génie d’Andrea Camilleri a su faire transparaître dans les envies de Salvo (Montalbano) et dans les gestes d’Adelina, fidèle cuisinière des plats.
Au 11ème siècle, le comte normand Roger 1er, qui a conquis la Sicile sur les Arabes, veut faire exécuter le prince Omar qui a comploté contre lui. Mais la sœur de ce dernier, la très belle princesse Yasmina, va tenter de le convaincre d’y renoncer en l’invitant à sa table.
Sept banquets vont se succéder, durant lesquels on découvre avec le comte tous les plats de la tradition culinaire sicilienne et leur empreinte arabe.
C’est la trame de l’ouvrage écrit à quatre mains par Serge Quadruppani, fidèle traducteur en Français des romans de Camilleri, et Maruzza Loria, originaire de Palerme.
Voilà la recette des sardines à la becfigue, plat typiquement sicilien et mets préféré de notre cher commissaire Montalbano.
Pour 6 personnes
• Sardines – 1 kg
• Oignon – 1
• Huile d’olive vierge extra – 2 verres
• Raisins secs – 100 g
• Pignons de pin – 100 g
• Sucre – 1 petite cuillère
• Citrons – 2
• Chapelure – 1 cuillère
• Laurier – quelques feuilles
• Poivre noir
• Persil – haché
• Sel
Pour nettoyer les sardines, coupez la tête, ouvrez-les et retirez pour l’arête centrale, mais sans les diviser. Lavez-les à l’eau salée et essuyez-les bien. Emincez l’oignon et gardez-le de côté.
Dans une petite poêle, faites chauffer un petit verre d’huile d’olive, versez-y la chapelure, mélangez et laissez rissoler jusqu’à ce qu’elle ait pris une belle couleur blond foncé. Versez ensuite la chapelure et son huile dans un récipient, avec les raisins secs ramollis dans de l’eau tiède rt bien égouttés, les pignons, le sucre, le sel, une bonne quantité de poivre, le hachis de persil et l’oignon, et mélangez le tout.
Avec la farce préparée, remplissez le ventre des sardines, puis refermez-les. Lorsque vous aurez farci toutes les sardines, prenez un plat, enduisez-le d’un peu d’huile et alignez les sardines en plusieurs couches régulières à l’intérieur, en les intercalant avec quelques morceaux de feuilles de laurier et des fines tranches de citron ou orange. Enfin, couvrez les sardines avec la chapelure et arrosez-les avec l’huile restante.
Enfournez pendant une demie heure dans un four préchauffé à 160°C. Lorsque les sardines seront cuites et la chapelure bien dorée, retirez le plat du four et pressez par-dessus le jus d’un citron, puis servez immédiatement.
J’aime Cefalù… en dehors des flux touristiques estivaux.
Parce qu’elle a un charme fou, parce qu’elle est proche de Palerme en train, parce que le village est beau, parce que la balade à la Rocca offre un point de vue spectaculaire sur toute la côte, parce que le roi Roger II y a édifié la plus belle cathédrale de style arabo normand, parce que c’est un excellent point de départ pour des excursions dans les Madonies, les villages côtiers vers Messine…
L’ascension du rocher qui domine Céfalu demande 40 mn de marche environ ; l’entrée du sentier est payante (se renseigner sur les horaires variables : en principe de 9h à 19h en été). Ce dernier longe les antiques murailles crénelées, permet de découvrir des ruines d’époques différentes et conduit aux vestiges d’un château du 12ème. La vue est époustouflante : par temps clair on peut même apercevoir les îles éoliennes.
On peut faire tout le tour de la Rocca en longeant les anciennes murailles et les chemins de ronde. A moins d’être joueur, la montée en plein soleil est tout de même déconseillée aux heures les plus chaudes de la journée.
Depuis Cefalù, vous pouvez faire une virée vers l’intérieur des terres en visitant le petit village de Caccamo et son château du XIe siècle posé sur un piton rocheux, l’un des plus beaux et des mieux conservés de l’île, et qui ne fut jamais conquis. Vous bénéficierez en prime d’un panorama assez exceptionnel.
Dans le Salon de la Conjuration ayez une pensée pour les Normands : c’est là que se réunirent en 1160 les barons conjurés contre Guillaume le Mauvais, fils de Roger II, qu’ils prirent alors en otage.
La piazza del Duomo di San Giorgio Martire devait être belle avec son ensemble harmonieux : Palazzo ex Monte di Pietà, oratoire et Chiesa delle Anime Sante del purgatorio ; en 1860, Caccamo possédait une cathédrale, vingt-neuf églises et neuf monastères. Mais ce qu’il en reste est un rien décrépi et peu mis en valeur.
Offrez-nous de la nourriture délicieuse et douce parmi les plus savoureux au monde, elles ne parviendront toujours pas à rendre moins amer le nœud dans la gorge de ceux qui doivent se refaire une vie ailleurs, repartir à zéro.
Tu as une mer immense, des plages de conte de fées et des panoramas époustouflants qui ne peuvent toujours pas donner un emploi. Donc, je ne me fais pas d’illusions, je sais que tes richesses ne peuvent pas rendre les départs moins tristes.
Je suis trop en colère contre toi en Sicile, tu les laisses partir tout le temps si facilement, et tu resteras seule. Tout le monde s’en va. Ne te plains pas de trop d’immigrés, probablement dans quelques années, ces pauvres âmes seront les seules prêtes à s’arrêter chez toi, en plus des quelques chanceux qui arriveront à la retraite.
Peut-être que tu seras la pâture de ces quatre entrepreneurs mafieux qui veulent t’acheter. Tu seras probablement la maison des enfants de papa, ceux qui n’ont pas besoin de trouver un travail, et c’est pourquoi ils disent qu’ils ne te laisseront jamais, qu’ils sont siciliens dans le cœur et dans le sang. Pourtant, sans travail, ils n’auraient jamais pu se permettre les vacances dans votre limpidissimo mer.
Mais sans salaire, sans droits, sans avenir, avec l’amertume dans la bouche, crois-moi, tes cannoli ne semblent plus aussi savoureux. Parce que tu le sais, il y a une chose qui nous arrive toujours avant tout : la famille. Et quand il faut se sacrifier pour en maintenir ou en construire une, les siciliens sont si forts qu’ils se fendent littéralement en deux : le Cœur en Sicile, L’Esprit et les mains ailleurs, sur le lieu de travail. Tout travail : ouvrier, serveur, cuisinier, lave-vaisselle est de toute façon plus digne que ce que vous pouvez nous offrir. Et peu importe si on part pour Londres, Milan, Venise, Berlin, Rome, Bristol ; peu importe si ce travail se trouve au Danemark, Suisse, Belgique, Piémont… pour nous siciliens il s’agira toujours de « aller au Vivre dans le nord ».
Sachez, en Sicile, qu’il s’agira toujours de travail et d’argent, ce travail qui, au nord, parvient à les faire sentir tous plus décents, plus fiers ; cet argent qui circule dans les mains de trop peu de personnes : ceux qui ne le méritent pas , ceux qu’ils exploitent, ceux qui ont hérité, ceux qui ne se désespèrent pas.
Comment puis-je expliquer mon état d’esprit, Sicile ? Je ne peux pas. Aucun mot ne serait jamais en mesure d’expliquer : à chaque fois, un morceau de cœur en moins.
Avec affection, un sicilien n’importe lequel.
Alfio Caserta Bonsignore
Attention à la location de voiture à prix d’ami. Evitez les loueurs « low cost » du type Firefly et préférez les grandes marques avec lesquelles vous aurez (un peu) moins de surprises. Une bonne solution consiste à passer par l’intermédiaire d’un site du type Rentalcars par exemple, et à souscrire directement auprès d’eux les assurances complémentaires, bien moins chères que celles des loueurs et tout aussi efficaces. La seule différence résidera dans le fait que vous aurez à faire l’avance de la franchise ou des réparations mais qui vous seront intégralement remboursées.
Attention également à la notion de Carte de Crédit. Il faut que le terme CREDIT soit clairement imprimé sur le recto de votre carte en-dessous du numéro. Si le mot DEBIT est inscrit, les agences de location considèreront que votre carte n’est pas une carte de crédit et vous vous exposerez à d’importants frais supplémentaires : assurance obligatoire, prélèvement anticipé de la caution, etc.
Après plusieurs expériences de location de voiture en Sicile, nous déconseillons fortement, entre autres, Sicily by Car.
Par contre, mention particulière pour Kefatur Incoming à Cefalù (Via Bagno Cicerone 6) qui est, de très loin, le meilleur loueur de voitures que nous ayons rencontré, et pas uniquement en Sicile !
En ce qui concerne le logement, si vous choisissez la formule Agritourisme soyez très vigilants car ce concept a été fortement détourné en Sicile…. Autrement dit, en guise de ferme vous pouvez très bien vous retrouver en plein centre ville, chez un agriculteur certes mais… ou dans un complexe touristique sans rien de rural ou pire, dans un terrain vague agrémenté d’une vieille charrue, entre deux autoroutes (vécu).
Achetez vos souvenirs ou produits du terroir au fil de vos opportunités. Exemple : la pâte de pistache vous est proposée à un prix correct tout autour de l’Etna, côte est ; ailleurs vous aurez plus de mal et alors à un prix prohibitif. Les câpres au sel ne se trouvent pas partout. Le chocolat de Modica non plus.
Nourriture : abusez du poisson et notamment de l’espadon et du thon. Calez vous avec les arancini (sorte de boulettes de riz farcies). Si vous voulez des pizzas allez dans une… pizzeria. Mais la Sicile n’est pas vraiment l’Italie et il vaut mieux goûter à un plat de pâtes typiques : alla norma (macaroni à la tomate, avec de l’aubergine frite, de la ricotta salée et du basilic), alla palermanica (sauce tomate, chapelure…), alla siracusana, alla siciliana, tagliatelles au citron ou de sublimes pasta con le sarde… Si vous aviez prévu le coup et anticipé un petit régime avant de partir, empiffrez vous de cannoli, de brioche con gelate ou de cassata.
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